Les signatures

Signer est un acte simple aujourd’hui. C’est un geste qui authentifie notre accord. La signature a valeur juridique. C’est un engagement. C’est un acte courant. Pourtant le tracé de notre signature, procède d’un long cheminement au fil de l’histoire.

En France ce n’est qu’au 16ème siècle sous le règne d’Henry II qu’une ordonnance rend la signature obligatoire pour les actes privés. A cette époque, tout le monde ne savait pas écrire. Les illettrés traçaient une croix devant témoins ou pouvaient apposer un sceau ou un dessin parfois corporatif, par exemple un marteau pour un tailleur de pierre, un violon pour le musicien…

Rappelons qu’avant le 16ème siècle, l’identité se faisait par une caractéristique personnelle (lieu, métier, aspect physique) ajoutée au prénom par exemple Jean Sans Peur, Legros, Lefol, Tisserand. Certains noms (en fait des surnoms) désignaient l’étranger comme Lescot (l’écossais) ou Langlois (l’anglais). Parfois ces noms avaient pour origine  des jurons: Depardieu par exemple.

Les surnoms ont donc proliféré et le « nom » tel qu’on le conçoit aujourd’hui n’était pas héréditaire. L’hérédité du surnom remonte au 11ème siècle, et encore! Ce n’était pas systématique.

Quant à la période de la Révolution Française, on pouvait même changer de nom et de prénom comme on le souhaitait! Il était stipulé que « chaque citoyen a la faculté de se nommer comme il lui plaît, en se conformant aux modalités prescrites par la loi ». Cela n’a pas duré longtemps car cela faisait un peu désordre.

Comme quoi signer n’est sûrement pas anodin car c’est un long cheminement qui se situe aux confins de l’histoire et du droit. Lorsqu’on trace une signature, on libère un geste qui vient du plus profond de soi et qui est un engagement social. C’est l’union du personnel et du collectif.

Comment signait-on dans le passé?

Là encore c’est tout un parcours. Les rois Mérovingiens signaient avec des dessins pleins d’arabesques. Au-delà de l’aspect esthétique, les paraphes très étudiés en forme de ruche, comportaient une complexité incroyable, avec des formes cryptées, des rébus, des clefs, des treillis qui en principe devaient décourager les faussaires. Vous pensez bien que signer d’une croix, c’était facile à imiter! Il semble même que certains rois n’écrivant pas se contentaient de tracer un point au milieu du dessin. Signer a été un vrai rituel.

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Signature du roi mérovingien CHILPERIC II (roi de 715 -721)

Aujourd’hui la signature éminemment personnelle est unique. Elle révèle un tempérament, une personnalité. Je sens que je vais vous donner quelques exemples bientôt, dans un prochain billet.

Sylvie Chermet-Carroy

Graphologue. Cours et consultations.

Auteur de « La signature ou l’intimité dévoilée » Guy Trédaniel Editeur

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