La punition du robot

Voici la demande étrange que me fit récemment un artiste numérique, Filipe Vilas-Boas. « J’ai une page d’écriture faite par un robot ». Je souhaite qu’on l’analyse. Ah! Surprise, c’est bien la première fois qu’une telle demande aboutit dans mon bureau!

Le bras du robot a écrit dix lignes avec une écriture qui se veut manuscrite, une punition paraît-il « je ne dois pas faire de mal aux humains ».

robot1

punition écrite par le robot

Ce qui frappe immédiatement dans cette écriture, c’est une régularité anormale du graphisme. Les lettres sont reproduites à l’identique par exemple les « h », les « m » dont la première arcade est toujours plus petite y compris son inclinaison. Les lettres semblent décalquées ce qui est infaisable lorsqu’on écrit. Même en s’appliquant on aurait du mal.

Et ce qui est surtout anormal dans cette écriture c’est l’absence de rythme. Celui-ci est propre à l’humain et produit des irrégularités même minimes au sein des mots et à l’intérieur de ceux-ci également. C’est pour cette raison que pour une étude graphologique je demande toujours un texte « libre » et non un texte recopié. Ce dernier oblige à faire des interruptions avec des mouvements qui altèrent la fluidité de l’écriture (qu’est-ce qu’on ne va pas chercher quand on est graphologue!).

Un autre point qui signale que l’écriture est artificielle, c’est l’alignement des mots, l’espace entre les mots dont la régularité gomme l’éventualité d’une respiration ou du moindre mouvement de l’être humain. Or c’est ce rythme intérieur très personnel qui fait qu’une écriture est unique. C’est ce que décèle le graphologue, au-delà des formes d’écritures. Ici, il n’y a pas de souffle, pas d’âme. Il paraît que le robot est gentil quand même.

Sylvie Chermet-Carroy

Graphologue, cours et consultations

Vidéo du robot puni fournie par Filipe Vilas-Boas, artiste numérique.

Chateaubriand, les mémoires confisquées

Voilà un procès retentissant pour une œuvre majeure, ou plutôt pour un manuscrit, les « Mémoires d’outre-tombe » déposé chez un notaire en 1836.
Rédigées au fil des années par François-René vicomte de Chateaubriand, « Les Mémoires » devaient n’être révélées qu’après le décès de l’auteur : « Je préfère parler du fond de mon cercueil; ma narration sera alors accompagnée de ces voix qui ont quelque chose de sacré, parce qu’elles sortent du sépulcre ».

chateaubriand - photoPortrait de Chateaubriand

Chateaubriand, avec ses éditeurs, avait négocié sa rente viagère pour une future parution après sa mort. Un vrai scoop à l’époque. Toujours est-il que la copie a sommeillé jusqu’à récemment. Précisons qu’elle n’est pas de sa main mais que c’est une copie écrite par le secrétaire de ce grand écrivain, précurseur du romantisme, qui a épousé une carrière militaire et qui s’est engagé également dans l’action politique.
Mais scandale, au fil des transmissions, le notaire d’aujourd’hui voulait vendre le fameux manuscrit. Un dilemme! A qui appartient-il au final? Sa valeur étant estimée à 400 000 ou même 500 000 Euros, cela mérite une juste réflexion. Après quelques procédures, voilà que les Mémoires d’outre tombe sont… confisquées par la justice fin 2015, puis rachetées par la Bibliothèque Nationale !

Le pouvoir et l’exaltation

Et si on en profitait pour découvrir la personnalité de Chateaubriand. Justement, voici une lettre dans laquelle il demande des sous à son libraire.

Chateaubriand lettre

écriture de Chateaubriand âgé

Ce qui frappe a priori, c’est l’écriture de très grande taille avec sa verticalité et des écrasements de plume puissants, critères qui n’évoquent pas l’humilité mais au contraire une conscience de soi bien affirmée, ainsi qu’un désir de puissance important. Allez lâchons le mot et tant pis pour ses admirateurs! L’orgueil prédomine avec une suffisance qui frôle la vanité.

Un personnage double

On remarque deux aspects contradictoires, qui cohabitent : d’une part la raideur associée à des formes agressives comme le « n » « mon » (ligne 2) qui se termine en pointe, des barres de « t » puissantes et obliques qui traduisent de la provocation, et d’autre part, de la souplesse, des courbes douces dans les « m » ou les « n » la finesse du trait par moments. Presque deux personnages en un ! L’homme guerrier, militant, provocateur et l’être sensible, délicat, raffiné. La souplesse, il l’a sans doute manifestée dans la stratégie politique : il a été ambassadeur ! Le raffinement n’est pas à démontrer dans les œuvres magnifiques qu’il a produites. Victor Hugo (en personne!) disait lorsqu’il était jeune : « je voudrais être Chateaubriand ou rien ».

La face cachée
Pourtant, ce qui est caractéristique dans cette écriture, c’est ce mélange de force et de discordance, les inégalités flagrantes de pression et de taille, une tenue de ligne qui danse avec des tremblements qui font soupçonner la maladie. L’excès et le désordre signalent une agitation mentale et les gonflements soudains questionnent sur l’équilibre psychique.
La souffrance est présente dans ces distorsions du graphisme et le rapport au réel n’est pas constant. Cette intensité exprimée par l’écriture traduit des élans propices aux grandes actions et aux projets d’envergure, mais le réel peut être sujet au désenchantement ou à une façon toute personnelle d’enjoliver les choses (par uniquement dans ses romans).

Ainsi lors du récit de son voyage en Amérique, son périple dans le Nouveau Monde laisse un peu perplexe. Ses descriptions ne sont pas confirmées par la réalité et lorsqu’il prétend avoir rencontré Georges Washington qui l’aurait gentiment salué, on veut bien le croire mais personne n’en est vraiment certain !

Les virgules énormes et noircies traduisent une angoisse qui est présente comme une toile de fond ou même comme une jouissance, une fascination pour le morbide. Ou bien est-ce la marque d’une mélancolie chronique source d’inspiration ? Les souffrances, très présentes ici, s’expliquent par une enfance douloureuse et l’orgueil ou même la mégalomanie ont pu être un levier pour mettre en œuvre le dépassement de soi et regarder vers le futur.

Décédé en 1848, Chateaubriand repose selon son vœu, sur le rocher du Grand Bé, auquel on accède à pied depuis Saint-Malo lorsque la mer s’est retirée.

Sylvie Chermet-Carroy
Consultations, cours de graphologie.

Alice dans le puits !

Le manuscrit « Alice au pays des Merveilles » a été mis en ligne début 2015 par la British Library. Fascinant, de pouvoir tourner les pages une par une de ce manuscrit original écrit de la main de Lewis Carroll! Avec les illustrations en plus!

Carrol Lewis Portrait

Portrait de Lewis Carroll

Lewis Carroll, de son vrai nom Charles Lutwidge Dodgson, est professeur de mathématiques au collège de Christ Church à Oxford. Il invente des histoires pour les enfants de son entourage. Et voilà qu’une des fillettes du doyen du Collège, Alice l’inspire au plus haut point. Ecrivain, il libère son talent dans des correspondances et des contes fantastiques. En 1869, « Alice au pays des merveilles, est un véritable succès, qui dure encore aujourd’hui. Lewis Carroll a souvent été décrit comme un introverti un peu guindé, mélancolique, donnant des cours assez ennuyeux.

Que nous dit le graphisme de ce manuscrit?

Carroll noté
L’écriture est très appliquée, visiblement étudiée afin d’être bien lisible. C’est normal. A son époque « le traitement de texte » n’existait pas. C’est donc le document destiné à l’éditeur! Que faire? Peut-on en tirer parti pour comprendre le personnage?
L’écriture est régulièrement inclinée à droite d’où un intérêt pour les autres. Toutefois l’élan vers autrui est pondéré: toutes les fins de mots sont douces et bien retenues. Il y a de la douceur certes et un solide souci de maitrise.
On remarque des formes recourbées comme des crochets, notamment dans les « y » ou le « q » de « quick ». Ce sont des signes de séduction et d’accaparement.
Les majuscules très travaillées comme dans le « s » de « Soon » ou le « m » de « Mary Ann » plus bas, révèlent l’intérêt pour le sens esthétique. Lewis Carroll était aussi photographe!
Le graphisme est parfaitement rigoureux. Cependant on note à toutes les pages des fluctuations dans les phrases qui ondulent légèrement comme « table and the little door had vanished » (au-dessus du dessin). Et plus bas « her, and at once » qui descend puis remonte au-dessus de la ligne. Cette dernière, la ligne sur la laquelle on écrit, représente symboliquement le réel. Ici, on passe de l’inconscient (sous la ligne) au rêve (au-dessus du réel).
Bizarre ! Dans cette écriture si bien ordonnée, voici par ci par là, des tirets bien aiguisés comme dans « river-bank ». Est-ce qu’il se lâche Monsieur Lewis Carroll? Cela respire quand même la colère car les tirets sont une mise à distance et parfois une agressivité rentrée ou pas d’ailleurs. Donc douceur, rigueur, esthétique, richesse de l’inconscient et visiblement un côté plus tumultueux qu’il n’y paraît. Cela tombe bien, voilà enfin l’écriture numéro deux, la vraie, celle qu’il utilise librement:

Lettre spontanée de Lewis Carroll

Carroll Lewis lettreElle est mouvementée avec des envolées, des liaisons solides à l’intérieur des mots. A l’image d’une personnalité passionnée, elle est intense, riche et nous révèle aussi quelques emportements (les barres de « t » et à nouveau les tirets) ainsi que de la générosité (l’ampleur du geste graphique). Elle danse également sur la ligne. A cela s’ajoute les gonflements qui traduisent l’emballement et l’imagination.
Cette personnalité a su marier l’imaginaire, la poésie et la richesse de l’inconscient. Alice qui tombe dans un puits, ne serait-ce pas une des images qui représentent la descente dans l’inconscient? Ce n’est pas étonnant que le roman poursuive sa vie au-delà du temps et des frontières. Il est lu dans le monde entier.
Salvador Dali lui-même passionné de psychanalyse, a été inspiré par « Alice au pays des Merveilles ».

Dali. Dans le terrier du lapinTableau de Salvador Dali : « Dans le terrier du lapin »

Tiens, pour la peine voilà une troisième écriture que je réserve spécialement aux anglicistes, un petit rébus que Lewis Carroll envoyé à Ina, 7 ans, pour son anniversaire (Il vous faudra trouver tout seuls la solution !).

Carroll rébusLa lettre rébus d’anniversaire à Ina (1)

Écriture étudiée, encore, pour être lisible pour l’enfant mais elle est plus douce, plus ronde, plus libre que le manuscrit destiné à l’éditeur.
Alors finalement, doit-on considérer qu’il existe de nombreuses écritures pour une seule personne? Non certainement pas, mais l’écriture appliquée mérite la comparaison avec un graphisme plus libre.
Je reçois parfois des personnes qui m’annoncent avoir deux écritures. Je demande toujours plusieurs documents. Même un brouillon peut révéler des richesses présentes au sein de la personnalité. Le papier libre (le brouillon) est comme son nom l’indique, l’être sans contrainte sauf celles qu’il s’impose lui-même. Le document destiné à être lu révèle l’être socialisé, ses facultés d’intégration, les motivations qu’il va partager avec autrui.

Sylvie Chermet-Carroy

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Site sur l’interprétation des dessins d’enfants

(1) Extrait de « L’or des manuscrits » Editions Gallimard – 2014

Picasso

« Comme la plupart des grands maîtres, en marge de son œuvre, il nourrit son enfer. Un petit cahier est toujours à portée de sa main pour recevoir ses plus immédiates et intimes confidences« .
Ces propos sont de Brassaï, le photographe hongrois.

Picasso portrait

Né en Espagne, fils d’un professeur des beaux-arts, Pablo Ruiz Picasso a marqué profondément le XXème siècle, peintre, sculpteur, graveur, céramiste et même un peu écrivain, il a illustré des livres, accompagné des poèmes et peint des toiles monumentales. Picasso a tout expérimenté. Sa création se nourrit de tout et se relie à de multiples dimensions, intellectuelles, artistiques, sensorielles, politiques. Se renouvelant sans cesse, il invente le cubisme avec Georges Braque. Il marque son époque et ouvre tous les champs d’exploration possibles.

L’écriture de Picasso

PICASSO Lettre
Ce qui est caractéristique: c’est l’intensité, la démesure, l’originalité et l’indiscipline. Cela veut dire: le refus de tout enfermement.

En témoignent une écriture aux formes simplifiées et une mise en page toute personnelle qui invente ses propres règles, tantôt organisée tantôt indisciplinée (des lignes qui se bousculent, parfois des ajouts dans les marges). C’est à l’image d’un être qui ne se moule dans aucun modèle, qui structure et déstructure sa propre façon de penser. Le trait passe de la délicatesse à la lourdeur, d’un appui mesuré à des écrasements de plume qui contrecarrent le mouvement sans en arrêter la progression. Celle-ci est extrêmement rapide. Là, réside l’originalité de sa création, une façon de ne jamais s’arrêter, de ne mettre aucune barrière ni à la pensée ni à l’expression. D’ailleurs disait-il, « Si l’on sait exactement ce que l’on va faire, à quoi bon le faire« .

Des angoisses sur la vie, l’amour, la mort, transpercent le graphisme avec notamment des « a » et des « o » bouchés, par exemple « à notre affaire » ligne 4. Le symbolisme du « a » représente la force de la vie et le « o » est en relation avec la mort.

Celle-ci est omniprésente dans l’œuvre de Picasso mais aussi dans son existence. Pablo Ruiz Picasso porte le prénom du frère de son père, prêtre mort avant sa naissance. Sa fille surnommée Maya, a reçu le même prénom que sa propre sœur, morte à 7 ans.

Ainsi la vie et la mort se côtoient. « Chaque tableau » disait-il, « est une fiole pleine de mon sang« .

Après le suicide de son ami Casagemas Picasso se met à peindre tout en bleu. Des crânes sont posés dans des natures mortes. Les scènes de tauromachie mettent en peinture une lutte pour la vie et pour la mort.

Picasso période bleue

« Guernica » dans sa dimension tragique est sans doute une des toiles les plus connues, créée à la suite des bombardements qui ont détruit cette ville basque pendant la période franquiste.

Des lettres plongent profondément dans le domaine des pulsions, d’autres restent en suspens très au-dessus de la ligne (domaine de l’esprit). Ce mouvement fait un lien constant entre l’inconscient et une recherche qui se situe dans le domaine de la pensée. « Je ne peins pas ce que je vois, je peins ce que je pense » affirmait-il.

Une sexualité exigeante
Dans l’écriture, les formes plongeantes vers le bas représentent le domaine des pulsions et de la sexualité. Elles sont tour à tour nettes ou pâteuses, contrôlées ou disproportionnées. Les épaississements du trait, la noirceur, expriment autant les conflits intérieurs que l’impétuosité des désirs et l’érotisme insatisfait.

Douceur et violence s’accompagnent comme deux aspects indissociables. Dans le graphisme, les petites courbes souples s’articulent entre des pointes acérées en forme de poignard. Tendresse et violence ont habité le personnage et sont à la source de la création.

Picasso Femme au miroir

Malgré la puissance du graphisme, l’instabilité du tracé trahit une certaine vulnérabilité. Picasso, au dire de ses proches était parfois terrorisé par des superstitions et accomplissait de nombreux rituels pour exorciser ses peurs. L’écriture révèle la puissance de l’inconscient dans lequel il a puisé incessamment pour vivre, pour faire sortir ses angoisses et nous livrer sa création.

Sylvie Chermet-Carroy
Graphologue

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Le jour où je me suis aimé pour de vrai…

« Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelle
n’étaient rien d’autre qu’un signal
lorsque je vais à l’encontre de mes convictions.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle authenticité »
Charlie CHAPLIN

Charlie Chaplin, qui nous fait rire par son humour, ses gags et parfois son cynisme révèle dans ce texte une autre dimension. La profondeur sur lui-même d’une lucidité remarquable, un vrai discours de psychanalyste

Que nous montre son écriture?

CHAPLIN Charlie CARTE1Document  N°1

Une pression variable, tour à tour très appuyée ou très légère.

La puissance et la délicatesse se côtoient ou alternent selon les fluctuations de la sensibilité. Des hauts et des bas avec une tenue de ligne qui monte et qui descend, une alternance d’états d’âme puis d’exigence (avec les angles prononcés dans les « n » les « m », les pointes du « h »).

Des moments de doute et de découragement lorsque l’écriture descend avec parfois des mots qui chutent vers le bas comme « stage » ligne 1. Un fond même un peu dépressif dans la signature « Charles » qui se termine dans un mouvement tombant escamoté. Mais par contre « Chaplin » est dessiné dans un élan qui s’envole avec optimisme. Notons que dans l’analyse d’une signature, le prénom représente l’enfance et le nom, le moi social.

Effectivement, son enfance a été une succession de souffrances avec la misère au quotidien et sa mère qu’il a fallu interner très tôt. C’est Charlie Chaplin lui-même qui l’a conduite à l’hospice définitivement. Il avait 14 ans et il s’est retrouvé seul et démuni.

Optimisme encore!

CHAPLIN autographeDocument  N°2

Dans la carte au dessin ci-dessus, regardez la date: Féb 1966, le mouvement est grossissant vers la droite (qui représente l’avenir) notamment le 2ème six de 1966. Son choix c’est donc: aller de l’avant. Malgré le doute sur lui-même et l’alternance d’optimisme et de pessimisme, c’est l’ardeur de vivre qui l’emporte.

Les chiffres et les lettres:
Étonnante cette date sur la carte au dessin: « féb » pour février trace un chiffre 7. Or les chiffres ont un symbolisme et les lettres aussi. Le 7 dans de nombreuses cultures, a valeur d’universalité, de création incessante et dynamique. C’est le symbole de la puissance (je résume car c’est un sujet à développer). Mais c’est surtout l’idée d’être vainqueur dans sa vie, de mener son existence vers l’affirmation de soi et la réussite.
Retenons que pour Charlie Chaplin ce « f » transformé en « 7 » manifeste la volonté extrême de vivre sa liberté intérieure (le « f ») en étant celui qui remporte la victoire sur les difficultés de la vie. Je sais, cela fait beaucoup d’informations à la fois, mais la symbolique des lettres sera développée dans d’autres articles.

chaplin extrait 3 lignes

Document  N°3

Faisons un détour vers la lettre « g ». Elle attire l’attention car le jambage est souvent aplati, noirci d’encre comme dans « stage » (Document N°1) ou « ground » (Document N°3, dernière ligne). Dans la symbolique des lettres le « g » c’est l’image du moi. Lorsque la lettre « g » est abîmée, cela révèle une insatisfaction ou une mauvaise image de soi.

On pourrait se demander s’il est possible qu’avec une telle réussite mondiale, le « moi » soit insatisfait. En fait c’est un problème de reconnaissance de soi qui fait défaut.

Un jour Charlie Chaplin arrivait sur le quai d’une gare (je crois que c’était en Angleterre) et il voit le quai noir de monde. Étonné et cherchant à comprendre, il n’avait pas pensé une seule seconde que les gens n’étaient pas là pour le train, mais pour…lui!

La barre horizontale du T : « manifeste une qualité de décision et la hauteur de vue que cela implique. Elle reflète la capacité à trouver l’attitude juste dans les initiatives et dans la relation aux autres. Elle enregistre les fluctuations de la volonté, l’hésitation, la combativité » (voir le développement et les exemples dans mon livre : « Interpréter les lettres et les chiffres » Éditions Exergue page 232).
Quand aux barres de « t » énergiques, excessives, montantes (Document N°3, 5ème et 6ème mot – « feet » et  » touch » – dernière ligne), qui parfois surplombent les lettres: on y reconnaît l’autorité, un dynamisme effréné, une façon de se projeter dans les événements peut-être pour concilier les extrêmes ou pour canaliser la sensibilité.

En tout cas, c’est la volonté et l’énergie qui l’emportent. Nous y sommes, Charlie Chaplin n’a jamais baissé les bras ! (l’histoire de sa vie)
La zone supérieure de l’écriture, le haut des lettres, (liée au mental) est très mouvementée et riche, à l’image d’un intellect toujours en action. Ce sont des idées que Charlie Chaplin transmettait et pas uniquement la drôlerie. Cela lui a coûté très cher car il a été soupçonné de sympathiser avec le communisme, et donc d’avoir une activité anti-américaine. Cela a été jusqu’à la suppression de son passeport américain.
Les contrastes dans son écriture se retrouvent dans les événements de sa vie, dans ses prises de positions, dans son humanité. Son évolution l’a mené à écrire ceci:

« Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir.
Mais si je la mets au service de mon cœur,
Elle devient un allié très précieux.« 

Sylvie Chermet-Carroy
Graphologue, consultations et cours sur la symbolique des lettres.

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Auteur de « Interpréter les lettres et les chiffres dans l’écriture » Edition EXERGUE.
« La signature ou l’intimité dévoilée » Guy TREDANIEL Editeur

Le texte auquel il est fait référence dans l’article:

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai compris qu’en toutes circonstances,
j’étais à la bonne place, au bon moment.
Et alors, j’ai pu me relaxer.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle estime de soi.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelle
n’étaient rien d’autre qu’un signal
lorsque je vais à l’encontre de mes convictions.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle authenticité
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé de vouloir une vie différente,
et j’ai commencé à voir que tout ce qui m’arrive contribue
à ma croissance personnelle.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle maturité.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai commencé à percevoir l’abus dans le fait de forcer une situation,
ou une personne,
dans le seul but d’obtenir ce que je veux, sachant très bien
que ni la personne ni moi-même ne sommes prêts,
et que ce n’est pas le moment.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle respect.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai commencé à me libérer de tout ce qui ne m’était pas salutaire :
personnes, situations, tout ce qui baissait mon énergie.
Au début, ma raison appelait ça de l’égoïsme.
Aujourd’hui, je sais que ça s’appelle amour-propre.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé d’avoir peur du temps libre et j’ai arrêté de faire des grands plans.
Aujourd’hui, je fais ce qui est correct, ce que j’aime,
quand ça me plait et à mon rythme.
Aujourd’hui, j’appelle ça simplicité.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé de chercher à toujours avoir raison,
et je me suis rendu compte de toutes les fois où je me suis trompé.
Aujourd’hui, j’ai découvert l’humilité.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai cessé de revivre le passé et de me préoccuper de l’avenir.
Aujourd’hui, je vis au présent, là où toute la vie se passe.
Aujourd’hui, je vis une seule journée à la fois, et ça s’appelle plénitude.
Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j’ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir.
Mais si je la mets au service de mon cœur,
Elle devient un allié très précieux.
Charlie Chaplin

Un simple post-it

Un simple post-it et ça y est, on sait qui vous êtes!

Cette nouvelle façon d’analyser les écritures n’a pas fini de vous étonner. Les notes de travail, les enveloppes, une date sur un agenda, sont autant de mots révélateurs surtout s’ils sont écrits à la va-vite! En effet la façon de tracer les lettres et les chiffres, tout comme notre signature, recèle une quantité d’informations sur nos qualités, nos doutes, nos tendances profondes. Qu’il s’agisse de la confiance en soi, de la relation à l’argent ou de la sexualité, c’est une clé qui ouvre des univers nouveaux.
Habituellement, la graphologie traditionnelle requiert une page complète de votre écriture pour effectuer l’étude. Avec la méthode de la symbolique des lettres que j’utilise et que j’enseigne depuis plus de vingt ans, il arrive que quelques mots à eux seuls, révèlent la richesse et à la face cachée d’une personne. C’est une méthode vivante pour découvrir les autres et pour mieux se connaître. Évidemment si on me confie une belle page d’écriture, je l’analyse mais au sein des lignes, chaque lettre alphabétique est toujours une mine de découverte.
Les exemples que j’ai choisis pour vous dans mon ouvrage « Interpréter les lettres et les chiffres dans l’écriture » (Éditions Exergue) sont accessibles à tous car ils vous parlent aussi de vous, de vos questionnements, de votre relation aux autres.
Par exemple Marcel Proust fait des « a » tantôt ouverts, tantôt fermés qui nous relatent son désir et sa peur de s’investir en amour.
Les « i » en boomerang de Boris Vian affirment haut et fort son attitude provocatrice quoi qu’il lui en coûte (le « i » est la relation à l’autorité). Notamment en écrivant la chanson « Le déserteur » ou son ouvrage qui a fait scandale « J’irai cracher sur vos tombes ».

Sur quoi se base cette méthode?

chiffres et lettres
Sans y penser nous déformons certaines lettres, nous en grossissons certaines, nous en abîmons d’autres. Or chaque lettre latine vient d’un hiéroglyphe égyptien dont l’origine signifiait « langue sacrée ». Chacune de nos lettres vient d’un hiéroglyphe qui est porteur d’une signification concrète, psychologique et philosophique. La lettre hébraïque qui en et issue donne aussi un autre éclairage et au final notre lettre latine nous raconte tout sur nous-mêmes. Cet aspect peut paraître très « savant » mais c’est en fait simple et très présent dans notre vie. Les écrits du quotidien sont riches d’enseignement.

Sylvie Chermet-Carroy

Site
Graphologue, cours sur la symbolique des lettres et consultations.

Auteur de « Interpréter les lettres et les chiffres dans l’écriture ». Editions Exergue. Parution avril 2014.

François Bayrou, une écriture fabriquée de A à Z ?

BAYROU François

Les périodes électorales nous offrent des discours et des projets qui peuvent faire évoluer la société.

Et les écritures alors ? Que nous disent-elles ? Quelquefois le graphisme cadre bien avec la personnalité, avec la façon de nous présenter les choses. Tant mieux ! Dans certains cas, la face cachée du personnage pourrait assombrir son prestige.

Dans tous les cas, l’image est, comme on le sait, tellement importante en politique ! Vous avez remarqué que les politiciens nous mettent souvent un petit mot écrit à la main pour dire qu’ils comptent sur nous et qu’ils aiment la France ?

 Ecrire à la main, cela fait « plus vrai » et dans ce monde tellement informatisé, un peu d’humanité cela fait du bien.

Regardons ce texte écrit en principe par François Bayrou.

Bayrou écriture informatique

 Franchement, vous ne trouvez pas que cette écriture est superbe ? Agréable à lire, bien régulière.

Bayrou signature

La signature m’intéresse davantage. Elle est plus libre dans son mouvement, avec  alternance de formes bien nettes et d’autres plus pâteuse. La signature vit. Elle est comme l’homme dynamique, en mouvement vers le futur car légèrement inclinée à droite et montante. Ses formes sont précises et souples, à l’image d’une forme de pensée claire et réceptive. Les majuscules sont fermes mais simples ce qui dénote une personnalité affirmée qui assume sa simplicité, une proximité humaine. On remarque que le F de François est plus large que le B de Bayrou ce qui révèle l’importance de l’enfance, de l’attache à l’histoire familiale tout en étant avide d’aller de l’avant (le petit crochet du « y » est très incisif et tourné vers la droite). Une personnalité riche en somme !

Tiens quelle drôle d’idée avec ces graphologues ! Ils ont toute une belle page et ils se précipitent sur quoi ? Sur une petite signature !

Eh bien voilà, c’est que ce texte est trop beau pour être vrai ! Il est artificiel ! Comment cela allez vous dire ! On voit bien que c’est manuscrit ! Pour sûr.

Mais regardez de plus près : tous les « o » sont exactement pareils, un peu ouvert en haut à gauche. Tous les « f » sont tracés avec la même barre oblique au millimètre près. Tous les « i » sont minuscules, bien nets avec le  point exactement à la même distance. Vous y arrivez vous, à faire tous vos « o » et vos « f » exactement à  l’identique ? Impossible, même si on s’applique. Et la marge de droite impeccable, tirée au cordeau. Essayez un peu, vous allez voir !

Conclusion : cette écriture est reproduite informatiquement. Comment la réaliser ? On prend dans votre texte un seul exemplaire de chaque lettre, et le tour est joué. Vous pouvez taper sur votre clavier et on pourra croire (sauf les graphologues et sauf vous maintenant) que tout a été écrit à la main.

Que conclure pour François BAYROU ? Est-ce une ruse, un stratagème pour tromper son monde ?

La signature fait dire que NON, c’est sans doute plutôt par désir d’harmonie. Rien dans la signature ne nous entraine sur une autre piste. Ouf, il s’en sort bien ! Parce que parfois avec la graphologie, ça craint.

Sylvie Chermet-Carroy,

Graphologue, cours, consultations,

Auteure de « Interpréter les chiffres et les lettres dans l’écriture » Editions Exergue »  avril 2014.

Site de graphologie

Un brouillon qui en dit long !

Le gaz de schiste est arrivé avec ce projet de forage qui menace le village. En tout cas, ce sujet brûlant est présent dans les discussions et il le sera encore pour longtemps. Ici et ailleurs ! Voilà la toile de fond d’un beau roman de Jacques Cassabois, qui est avant tout une histoire d’amour et dont vous pouvez lire les quelques lignes ci-dessous.

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Enfin lire ! C’est vite dit ! Bon courage si vous déchiffrez le texte ! En toute simplicité j’avoue humblement que les lignes m’ont été traduites (elles sont bien écrites en français, je vous assure).

Alors est-ce une énigme pour l’analyse graphologique ? Pas du tout ! Je précise toujours, à la grande surprise des personnes qui me consultent, que je ne lis pas le texte qui m’est confié pour analyse (sauf la lettre qui m’est adressée personnellement, évidemment). Et même, un aveu : les papiers libres ou griffonnés, sont un vrai cadeau pour le décryptage ! Pas faciles évidemment, mais tellement riches…

Quelle chance, un  brouillon !

Des pages et des pages écrites ainsi pour ce manuscrit «La colère des Hérissons», roman qui s’adresse aux adolescents. Que remarque-t-on ? Un graphisme de très petite taille, avec des formes concises, une écriture extrêmement rapide avec de multiples combinaisons dans la zone supérieure des lettres. Beaucoup de tensions et de formes originales animent le haut des lettres qui est la zone du mental.

Regardez simplement la première ligne. Allez ! Je vous livre le secret « Sur la place de la gare (rature) sous un abribus, … » Dans le mot « abribus », le point sur le « i », à lui tout seul trace une projection dynamique pour rejoindre le « b ». Tout le texte est riche de ce type d’astuce pour écrire plus vite et pour ne pas arrêter le fil de la pensée. Dans ce contexte graphique, ceci est la marque d’une créativité intellectuelle fulgurante.

Ce n’est pas de la voyance. Pourtant, on peut affirmer qu’une fois plongé dans le travail d’écriture, le romancier a besoin de rédiger d’une traite. Plus rien n’existe. « Absorbé » est bien le terme que l’on peut prendre à la lettre ! Parions qu’il peut s’abstraire de tout, oublier de manger, ne plus entendre ce qui se passe autour de lui. Gare ! Si on l’interrompt !  Il y a une telle intensité et une telle concentration mentale dans cette écriture !

Que nous révèle le graphisme de la lettre de Jacques Cassabois ? Il exprime un sens critique sans concession, la créativité, la profondeur, une formidable ouverture sur l’avenir.

C’est ce que l’on retrouve dans nombre de ses romans qui s’adressent aux adolescents et les amène à réfléchir au fil de l’imaginaire et des récits qui peuvent les transporter. « La colère des Hérissons » peut les concerner à plus d’un titre  puisqu’il s’agit de l’amour, de l’action, de la société.

CASSABOIS Hérissons couv 10

Ci-dessous, le lien du site de Jacques Cassabois :

http://www.jacquescassabois.com/index.php?option=com_content&view=article&id=22&Itemid=11

Sylvie Chermet-Carroy

Interprétation des dessins d’enfants, cours et consultations

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Albert CAMUS, l’action et le doute.

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Albert Camus prix Nobel de littérature en 1957,  est un des plus grands écrivains français et l’un des plus traduits à l’étranger.  Il est né le 7 novembre 1913 en Algérie dans une famille de condition modeste. Journaliste puis rédacteur en chef au Journal Combat, il est par ailleurs passionné de théâtre mais c’est avant tout le sens de la vie qui est au cœur son expression littéraire.

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Que nous révèle son écriture ?

Plutôt petite, signe d’introversion et sobre (il n’y a pas de fioritures), elle signale une personnalité portée à la réflexion. Les lettres sont parfois simplifiées à l’extrême comme dans « êtres » à la première ligne (Je demande aux êtres). Cette simplification facilite la rapidité de l’écriture, signe de rapidité de la pensée. Ce graphisme a une dominante intellectuelle, mais pas uniquement.

Deuxième point important : malgré la souplesse du mouvement, on remarque des pointes, des angles sur la ligne, fortement présents ce qui exprime le besoin d’agir, de s’investir dans l’action et la capacité à résister, à faire front.

Dans cette écriture, la pensée et l’action sont aussi importantes l’une que l’autre, voire indissociables.

 Regardez la signature !

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 Très anguleuse avec des pointes acérées. Ceci est à l’image de la combattivité.  Mais le A de Albert et le C de Camus débutent plus haut que la ligne. C’est symboliquement au-dessus du concret, dans le domaine de l’esprit (encore !). Cela laisse à penser qu’Albert Camus était d’abord un idéaliste mais pas irréaliste pour autant. La noirceur du trait que l’on retrouve dans d’autres documents signale un tempérament qui connaît l’angoisse.

Détaillons un peu  cette écriture :

L’espérance (quelques lettres ouvertes vers le haut ) côtoie la désespérance (la noirceur du graphisme, les lettres bouchées d’encre) et anime un combat (l’angulosité des lettres et la tenue de ligne) dans une exigence et une profondeur systématiques. Dans cette écriture petite, aux formes épurées, aux liaisons solides qui parfois relient un mot à l’autre, on détecte une volonté qui avance avec ténacité, une personnalité prête à aller jusqu’au bout quoi qu’il en coûte. Une fois le but déterminé, rien ne l’arrête.

Les simplifications du graphisme signent une personnalité qui est tout d’abord intellectuelle, qui va privilégier avant tout, le monde des idées. « Mourir pour l’idée, c’est la seule façon d’être à la hauteur de l’idée. »  écrit-il dans « Les Justes ».

« Quelles que soient nos infirmités personnelles, » dit-il, «  la noblesse de notre métier s’enracinera toujours dans deux engagements difficiles à maintenir : le refus de mentir sur ce que l’on sait et la résistance à l’oppression. »

Qu’il s’agisse de la quête intérieure (très tourmentée) vu la noirceur des lettres, ou de l’engagement, c’est toujours une avancée sans relâche qui est présente ici, mais c’est aussi la marque d’une insatisfaction profonde. Peut-on y voir la source des questions existentielles soulevées par Albert Camus ?

Auteur de « La peste », « L’étranger », « Le mythe de Sisyphe », il a adapté au théâtre des œuvres telles que « Requiem pour un nonne » de William Faulkner ! Le fil conducteur est toujours là ! La vie, la mort, la destinée.

Par ailleurs, les majuscules qui révèlent l’importance du Moi social, sont ici petites, sobres, à peine marquées. Ceci traduit dans cette écriture, une forme d’humilité, une simplicité et en tout cas l’idée qu’  Albert Camus, ne donnait aucune importance au paraître social.

Il obtient le prix Nobel de littérature en 1957 « pour l’ensemble d’une oeuvre qui met en lumière, avec un sérieux pénétrant les problèmes qui se posent de nos jours à la conscience des hommes. »

Loin de s’en féliciter, il exprime en recevant cette distinction qu’il n’est pas aisé de « recevoir cet honneur à l’heure où, en Europe, d’autres écrivains, parmi les plus grands, sont réduits au silence, et dans le temps même où sa terre natale connaît un malheur incessant ? »

Je vous invite à lire la totalité du discours : http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/1957/camus-speech-f.html

Vous trouverez des extraits de ses manuscrits dans « Hommage à Albert CAMUS » aux éditions Gallimard.

Sylvie Chermet-Carroy

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Le dopage, décelé par l’écriture ?

Lorsqu’on écrit, la main appuie sur le stylo. Le trait qui en résulte nous renseigne. Il est, entre autres, révélateur de l’énergie. Il traduit la force vitale. D’ailleurs au fil de l’âge, pour un même scripteur, il se modifie. Son analyse est délicate et l’appui du stylo sur la page donne un bon nombre d’informations.

Très appuyé ou très léger…il ne s’agit pas d’un même tempérament ! Là où les choses se compliquent (et deviennent encore plus intéressantes), c’est lorsque nous avons dans une même écriture, la présence de paradoxes. Forcément, cela amène le graphologue à creuser un peu plus loin. C’est le cas pour l’écriture de Ben Johnson, sportif de haut niveau.

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Ben Johnson, sprinter du 100 mètres, champion du monde en 1987, marque un  nouveau record en battant Carl Lewis avec 9,83 secondes. L’année suivante, il gagne la finale du 100 mètres aux jeux Olympiques de Séoul.

A cette époque, le journal « L’équipe » me confie son écriture pour une interview. L’idée était bien sûr de révéler des éléments plutôt sympathiques de sa personnalité.

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Cette écriture de très grande taille, avec des gonflements disproportionnés (le « B ») exprime une bonne dose de confiance et disons-le carrément de la vantardise ou formulé gentiment : un orgueil démesuré qu’il met au service de la réussite. 

L’écriture est rapide, tournée vers la droite avec des grands mouvements vers le bas (le « j » de Johnson, et même les lettres « l » comme « lecteurs »). Ceci est la marque d’un besoin vital de vivre pleinement le corps, de renouveler ses défis. Son écriture révèle une mentalité perfectionniste, une attitude unidirectionnelle, quelqu’un qui ne se laisse  pas détourner de ses objectifs.

Mais regardez-bien ! Des tremblements sont présents dans l’écriture ( cela ne saute pas aux yeux immédiatement). Le « 1 » de 1988 a une petite secousse qui trace un petit décrochage à sa base. Ceci est un mouvement involontaire non contrôlable par le conscient.

Le « x » de «aux  lecteurs »est légèrement tremblotant dans sa descente. Le « l » de « L’équipe » est abîmé aussi dans la qualité du trait. Voilà pour ce qui est le plus visible. Ce qui frappe ici, c’est le contraste entre l’énergie fantastique du graphisme et ces failles. C’est la marque incontestable d’un problème nerveux.

Est-ce que cela veut dire que le scripteur se dope ? Sûrement pas ! On ne peut pas l’affirmer à coup sûr. Toutefois, c’est une anomalie dans cette écriture tellement dynamique au trait puissant par ailleurs !

A l’époque, donc en 1988, j’ai précisé dans cet article de L’équipe, « une fragilité nerveuse » même si cela risquait de déplaire un peu ! Ceci n’atténuait en rien le charisme du personnage.

De toute façon,  le graphologue ne porte jamais aucun jugement. Il observe et essaie de comprendre.

Que veulent dire les tremblements dans une écriture ?

 Certains tremblements peuvent être dus à la sénilité ou  à un problème de santé. En tout cas, il est vrai que l’abus de neuroleptiques ou de dopants, affectent l’écriture. Mais de là à affirmer à coup sûr tremblement égale drogue, surtout pas ! Ceux que nous venons d’observer peuvent aussi survenir en cas de stress important et soutenu.

Si après quelques nuits blanches vous vous abreuvez de quelques litres de café, parions que votre écriture présentera quelques tremblements !

De retour à Séoul, Ben Johnson qui ne fait pas dans l’humilité affirme « quand j’ai réalisé ce chrono en 1988, personne ne m’aurait battu, pas même la génération actuelle » Je pense qu’il doit encore faire des très gros « B » bien gonflés. A son honneur, il se sert de sa notoriété pour lutter contre le dopage.

www.sport24.com/athletisme/actualites/ben-johnson-remonte-le-temps-654576

Sylvie Chermet-Carroy

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