Albert CAMUS, l’action et le doute.

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Albert Camus prix Nobel de littérature en 1957,  est un des plus grands écrivains français et l’un des plus traduits à l’étranger.  Il est né le 7 novembre 1913 en Algérie dans une famille de condition modeste. Journaliste puis rédacteur en chef au Journal Combat, il est par ailleurs passionné de théâtre mais c’est avant tout le sens de la vie qui est au cœur son expression littéraire.

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Que nous révèle son écriture ?

Plutôt petite, signe d’introversion et sobre (il n’y a pas de fioritures), elle signale une personnalité portée à la réflexion. Les lettres sont parfois simplifiées à l’extrême comme dans « êtres » à la première ligne (Je demande aux êtres). Cette simplification facilite la rapidité de l’écriture, signe de rapidité de la pensée. Ce graphisme a une dominante intellectuelle, mais pas uniquement.

Deuxième point important : malgré la souplesse du mouvement, on remarque des pointes, des angles sur la ligne, fortement présents ce qui exprime le besoin d’agir, de s’investir dans l’action et la capacité à résister, à faire front.

Dans cette écriture, la pensée et l’action sont aussi importantes l’une que l’autre, voire indissociables.

 Regardez la signature !

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 Très anguleuse avec des pointes acérées. Ceci est à l’image de la combattivité.  Mais le A de Albert et le C de Camus débutent plus haut que la ligne. C’est symboliquement au-dessus du concret, dans le domaine de l’esprit (encore !). Cela laisse à penser qu’Albert Camus était d’abord un idéaliste mais pas irréaliste pour autant. La noirceur du trait que l’on retrouve dans d’autres documents signale un tempérament qui connaît l’angoisse.

Détaillons un peu  cette écriture :

L’espérance (quelques lettres ouvertes vers le haut ) côtoie la désespérance (la noirceur du graphisme, les lettres bouchées d’encre) et anime un combat (l’angulosité des lettres et la tenue de ligne) dans une exigence et une profondeur systématiques. Dans cette écriture petite, aux formes épurées, aux liaisons solides qui parfois relient un mot à l’autre, on détecte une volonté qui avance avec ténacité, une personnalité prête à aller jusqu’au bout quoi qu’il en coûte. Une fois le but déterminé, rien ne l’arrête.

Les simplifications du graphisme signent une personnalité qui est tout d’abord intellectuelle, qui va privilégier avant tout, le monde des idées. « Mourir pour l’idée, c’est la seule façon d’être à la hauteur de l’idée. »  écrit-il dans « Les Justes ».

« Quelles que soient nos infirmités personnelles, » dit-il, «  la noblesse de notre métier s’enracinera toujours dans deux engagements difficiles à maintenir : le refus de mentir sur ce que l’on sait et la résistance à l’oppression. »

Qu’il s’agisse de la quête intérieure (très tourmentée) vu la noirceur des lettres, ou de l’engagement, c’est toujours une avancée sans relâche qui est présente ici, mais c’est aussi la marque d’une insatisfaction profonde. Peut-on y voir la source des questions existentielles soulevées par Albert Camus ?

Auteur de « La peste », « L’étranger », « Le mythe de Sisyphe », il a adapté au théâtre des œuvres telles que « Requiem pour un nonne » de William Faulkner ! Le fil conducteur est toujours là ! La vie, la mort, la destinée.

Par ailleurs, les majuscules qui révèlent l’importance du Moi social, sont ici petites, sobres, à peine marquées. Ceci traduit dans cette écriture, une forme d’humilité, une simplicité et en tout cas l’idée qu’  Albert Camus, ne donnait aucune importance au paraître social.

Il obtient le prix Nobel de littérature en 1957 « pour l’ensemble d’une oeuvre qui met en lumière, avec un sérieux pénétrant les problèmes qui se posent de nos jours à la conscience des hommes. »

Loin de s’en féliciter, il exprime en recevant cette distinction qu’il n’est pas aisé de « recevoir cet honneur à l’heure où, en Europe, d’autres écrivains, parmi les plus grands, sont réduits au silence, et dans le temps même où sa terre natale connaît un malheur incessant ? »

Je vous invite à lire la totalité du discours : http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/1957/camus-speech-f.html

Vous trouverez des extraits de ses manuscrits dans « Hommage à Albert CAMUS » aux éditions Gallimard.

Sylvie Chermet-Carroy

Cours et consultations

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