La punition du robot

Voici la demande étrange que me fit récemment un artiste numérique, Filipe Vilas-Boas. « J’ai une page d’écriture faite par un robot ». Je souhaite qu’on l’analyse. Ah! Surprise, c’est bien la première fois qu’une telle demande aboutit dans mon bureau!

Le bras du robot a écrit dix lignes avec une écriture qui se veut manuscrite, une punition paraît-il « je ne dois pas faire de mal aux humains ».

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punition écrite par le robot

Ce qui frappe immédiatement dans cette écriture, c’est une régularité anormale du graphisme. Les lettres sont reproduites à l’identique par exemple les « h », les « m » dont la première arcade est toujours plus petite y compris son inclinaison. Les lettres semblent décalquées ce qui est infaisable lorsqu’on écrit. Même en s’appliquant on aurait du mal.

Et ce qui est surtout anormal dans cette écriture c’est l’absence de rythme. Celui-ci est propre à l’humain et produit des irrégularités même minimes au sein des mots et à l’intérieur de ceux-ci également. C’est pour cette raison que pour une étude graphologique je demande toujours un texte « libre » et non un texte recopié. Ce dernier oblige à faire des interruptions avec des mouvements qui altèrent la fluidité de l’écriture (qu’est-ce qu’on ne va pas chercher quand on est graphologue!).

Un autre point qui signale que l’écriture est artificielle, c’est l’alignement des mots, l’espace entre les mots dont la régularité gomme l’éventualité d’une respiration ou du moindre mouvement de l’être humain. Or c’est ce rythme intérieur très personnel qui fait qu’une écriture est unique. C’est ce que décèle le graphologue, au-delà des formes d’écritures. Ici, il n’y a pas de souffle, pas d’âme. Il paraît que le robot est gentil quand même.

Sylvie Chermet-Carroy

Graphologue, cours et consultations

Vidéo du robot puni fournie par Filipe Vilas-Boas, artiste numérique.